Etant étudiante dans le domaine du textile, j'ai un rapport particulier à la mode. Pour moi la mode, ce n'est pas juste acheter de beaux vêtements pour mettre en valeur mes atouts et me sentir bien dans mon corps. Pour moi, la mode sera mon métier. Je serai tous les jours confrontée à de nouveaux produits, de nouveaux vêtements avec de nouvelles coupes, de nouvelles textures et de nouvelles couleurs. Et je serai tous les jours confrontée aux images des mannequins squelettiques qui arpentent les podiums des défilés.
"Les mannequins ne sont là que pour exhiber le vêtement de la façon la plus neutre possible, sans y mettre la moindre subjectivité. Elles ne doivent pas faire d'ombre à la tenue. Elles doivent être transparentes."
Certes, une fille sans chair et sans forme n'attirera pas l'oeil et laissera la tenue taper l'oeil du client, mais est-ce bien nécessaire de mettre en péril la santé et la vie de centaines de jeunes filles pour réussir un défilé ? Je ne pense pas. D'autant plus que les images de ces mannequins sont diffusées aux quatre coins du monde et déforment la notion de "normalité" en termes de santé concernant le physique féminin.
Aujourd'hui, pendant le cours magistral sur les tendances auquel j'ai assisté, il nous a été demandé des discuter en groupe de trois autour des deux images ci-dessus. La seule chose que j'aie été capable de remarquer était la différence de corpulence des mannequins. En me confrontant à de telles publicités, je m'attarderais volontiers sur l'image de droite, dont le style est décontracté et pur, mais surtout dont la jeune fille me ressemble ; ressemble à quelqu'un de vivant. Sur l'image de gauche en revanche, je ne vois qu'un pantin. Une femme qui, malgré son sourire et son mouvement apparent, est bien trop fine pour me transmettre la chaleur et l'envie d'acheter les produits. Elle ne me ressemble pas, ou du moins, elle me ressemblait quand j'étais au plus profond de ma maladie, et cette image me donne envie de détourner le regard plutôt que de m'intéresser aux vêtements exposés. En réalité, la professeur attendait qu'on remarque la différence d'interprétation de la tendance jean denim+haut blanc... Raté pour moi !
La campagne "you are not a sketch" parue il y a quelques années illustre haut et fort ma pensée. Ce n'est pas parce que l'industrie de la Mode met en avant des corps amaigris et maladifs qu'il faut cherhcer à y ressembler. La plupart des mannequins sont très malheureuses, se privent de manger ou se font réprimander si elles prennent 4 mm de tour de taille, sont dépendantes de multiples drogues et certaines meurent même prématurément. Bien entendu ces destins tragiques ne concernent pas la totalité des jeunes filles travaillant dans ce milieu, mais il faut garder à l'esprit que ce genre de physique n'est pas naturel, pas sain, et définitivement pas idéal.
Comme je disais à une amie qui cherche à tout pris à perdre du poids en ce moment, je préfère avoir un peu de graisse et pouvoir vivre ma vie en partageant une pizza de temps en temps avec mon petit ami ou une verre ou deux (ou trois, ou cinq ^^) avec mes amis, plutôt que d'avoir une masse graisseuse extrêmement faible et vivre recluse dans la restriction et l'angoisse de déroger aux règles que je m'impose. Je suis bien heureuse que l'anorexie ne fasse plus partie de ma vie ; ça fait tellement de bien de pouvoir respirer et répondre aux désirs de notre corps et de notre coeur !
Si seulement toutes les pubs pouvaient ressembler à celle là...