lundi 11 mai 2015

Pourquoi faire Minnie Maud... jusqu'au bout !

Je lis beaucoup d'articles, de blogs et de forums en rapport avec les troubles alimentaires. Je suis pas mal de malades sur Instagram également, et presque toutes ces lectures m'ont conduite à la même conclusion : si à première vue la méthode de guérison Minnie Maud apparaît comme un don de Dieu, une aubaine, un festival gustatif, elle est en réalité tellement effrayante qu'elle paralyse et rebute de nombreuses personnes avant qu'elles ne soient entièrement guéries...

Voilà donc mon point de vue (externe maintenant puisque je ne suis plus les recommandations, mon mental et mon poids étant revenus "normaux" :) )

- Tout d'abord, le fait d'imposer un minimum de calories à manger (et non un nombre approximatif) nous laisse la possibilité de réapprendre à répondre à nos envies, sans culpabiliser. Une des plus grandes caractéristiques des personnes atteintes de troubles alimentaires est le besoin de contrôle. En suivant les recommandations Minnie Maud, on a le sentiment de suivre un programme structuré (et donc moins angoissant), tout en gardant la liberté de dépasser la limite.

- En acceptant qu'on peut répondre à nos envies, on recommence à prendre confiance en soi. On accepte plus facilement qu'on a le droit de manger, qu'il n'y a aucune honte à ça, que c'est normal, et que c'est même plaisant. On guérit non seulement notre corps, mais également notre mental, frustré de tant d'interdictions.

- Comme on augmente significativement notre apport calorique, on guérit beaucoup plus vite. Ce point peut être positif et négatif à la fois et demande énormément de force mentale. Nombreux/ses sont ceux/celles qui veulent guérir mais qui n'acceptent pas l'idée de grossir. Dans ce cas, il peut être très difficile de se contraindre à continuer Minnie Maud. Cependant, ce n'est pas une raison d'arrêter. Grossir ne veut pas dire devenir gros. Ca veut juste dire permettre à son corps de pouvoir fonctionner correctement à nouveau, pouvoir rire à nouveau sans pleurer à l'intérieur, pouvoir aller au restaurant avec ses amis sans angoisser trois jours avant, pouvoir aller manger chez mamie le dimanche midi sans faire une scène et réclamer un plat sans viande, sans féculents, sans sauce, sans matières grasses et sans dessert... 

- Comme il faut atteindre une ration calorique élevée, il est impossible de continuer à manger énormément de fruits/légumes/céréales complètes qui rassasient très vite et longtemps. On se réconcilie avec les aliments denses en calories qu'on s'état interdits jusqu'à présent, comme les noix, les huiles, le beurre, les gâteaux, le chocolat... (j'adooore le chocolat... :D). On arrête de pointer du doigt les "bons" et "mauvais" aliments. 

- En n'abandonnant pas en plein milieu, on se donne la chance de pouvoir vivre à nouveau. A départ c'est dur : le ventre gonfle, la digestion est pénible et parfois douloureuse, les selles sont déréglées, le poids augmente rapidement... Mais tout ça ne dure pas toujours ; 1 ou 2 mois au plus. Ensuite le corps comprend qu'il n'a plus de raison de stocker autour de l'abdomen et des cuisses, qu'il ne sera plus affamé, qu'il peut avoir confiance en vous pour lui fournir l'énergie dont il a besoin. Et là le ventre dégonflera, le poids s'homogénéisera sur votre corps, le systeme digestif fonctionnera normalement à nouveau. Cela, si vous n'arrêtez pas en plein milieu... Parce que la restriction (ou les vomissements) remet les compteurs à zéro. C'est comme si vous rompiez une promesse fait à votre corps : il cesse de vous faire confiance et a besoin de plus de temps pour être sûr que quand vous recommencez vous êtes sincères. C'est extrêmement difficile, mais ça ne dure pas. Et plus vous vous battrez pour ne pas rechuter, plus vite sera finie cette phase de transition où tout va mal et tout fait mal !




mardi 28 avril 2015

Comment supporter les commentaires ?

Ca y est, votre poids augmente, ou si ce n'est pas le cas, votre appétit et vos envies réapparaissent ? Vous avez envie de sucré, de salé, de pas forcément ultra parfaitement sain, et vos proches s'en rendent compte ? Vous êtes capables de manger une tonne de crêpes au déjeuner et ça soulève des commentaires dans votre famille ? Voici des exemples de réponse à leur donner pour éviter que ces commentaires nuisent à votre guérison. C'est à vous de choisir ce que vous mangez, à vous de savoir répondre à vos envies, et à vous de décider de fermer le clapet des gens qui vous déstabilisent.

[En partie traduit de Let's Recover]

- DECIDEZ VOUS MEME DE CE QUI EST BON POUR VOUS :
Vous devez fixer des frontières pour les autres, avec des conséquences que vous êtes surs d'appliquer s''ils les franhissent. Par exemple, à table, si vous recevez un commentaire inquiet d'un de vos proches parce que vous avez trop de [aliment] ou pas assez de [aliment], vous n'avez pas à vous expliquer. C'est important. Ne prenez pas son commentaire en pleine face au premier degré. Si vous cherchez à trouver une justification, vous remettez en question votre intégrité. Vous avez rempli votre assiette selon vos envies, et personne n'a le droit de vous faire croire que vous ne pouvez pas suivre vos envies. Tant pis s'il y a plus de frites que de haricots dans votre gamelle ! Au lieu de chercher à vous expliquer, tentez d'annoncer calmement : "Vous n'avez pas à commenter mon poids, mon corps, ou ce que je mange. Si quelqu'un fait encore un commentaire à ce sujet je quitte la pièce."
Si les commentaires continuent, vous suivrez donc ce que vous avez annoncé et quitterez la pièce. Il comprendront que vous êtes sérieux et ne devraient pas recommencer de sitôt.

- UNE BONNE IDEE DE REPONSE PEUT ETRE
Mon corps/ poids/assiette est normal, mais pas ton commentaire.

- VOUS AVEZ LE DROIT DE MANGER. C'EST TOUT.
Vous avez le droit de manger ce que vous voulez, autant que vous le voulez. La nourriture n'est pas un poison, votre corps vous appartient et vous êtes assez adulte pour décider ce que vous souhaitez manger. C'est aussi simple que ça. C'est la vérité. Donc quand vous vous asseyez pour manger, rappelez vous que vous avez la permission de manger. Rappelez vous qui décide (c'est VOUS !). (ATTENTION : n'utilisez pas ce prétexte pour appliquer des comportements restrictifs. Cette technique ne s'applique que si vous mangez au moins les minimums recommandés!)


- NE MANGEZ PAS CE QUE VOUS N'AIMEZ PAS. Ni dans la vie de tous les jours, ni en vacances, ni avant les repas. Ce n'est pas votre travail d'apaiser la conscience de vos proches qui cuisinent mal ;). Si vous n'aimez pas, "non merci" est une réponse polie et appropriée. C'est une réponse suffisante, même si on insiste en vous demandant "mais tu n'aimes pas ??". Personne n'a le droit d'exiger des explications ou de recevoir une "preuve" de la raison pour laquelle vous ne voulez pas manger quoi que ce soit. Tout ce que vous avez à faire, c'est être conscient de ce que vous faites et pourquoi (si vous évitez de manger parce que vous n'aimez vraiment pas ou par anxiété). Si vos proches (ou quiconque) vous met la pression et demande des explications, ce sont eux qui créent le malaise, pas vous. Apaiser les comportements neurotique des autres n'est pas votre job. Votre job est d'être à l'écoute de votre corps et de lui donner ce qu'il veut ! (ATTENTION : n'utilisez pas ce prétexte pour appliquer des comportements restrictifs. Cette technique ne s'applique que si vous mangez au moins les minimums recommandés!)

- LA SIMPLE PHRASE "PROFITONS SIMPLEMENT" PEUT FAIRE DES MIRACLES. Si les personnes à table ressentent le besoin de mentionner que la nourriture n'est pas saine et qu'ils n'aiment pas ça, qu'elle contient ceci et cela, répétez cette phrase autant de fois que possible (càd : jusqu'à ce qu'ils la ferment). S'ils n'aiment pas la nourriture, si elle les met dans un état d'inconfort physique, ou si la nourriture les angoisse, qu'ils ne la mangent pas. Plus important, c'est vraiment impoli d'étaler leurs problèmes avec ces aliments devant ceux qui aimeraient profiter tranquillement du repas.
- SI LA POLICE DE LA BOUFFE APPARAIT PENDANT LE REPAS (ou n'importe quel moment): Ecoutez ce qu'ils ont à dire, puis passez à autre chose. Vous pourriez répondre "Merci de t'inquiéter" ou "Je comprends que tu cherches à bien faire, mais je sais ce que je fais". Ensuite vous changez de sujet.
Vous pourriez évidemment aussi choisir de quitter la pièce, mais ça pourrait entraîner un conflit. En général, la personne cherche juste à s'assurer que son opinion a été entendue et validée (qu'elle soit intéressane ou débile). Si c'est important pour vous de ne pas devenir fou/folle de frustration, vous pouvez ajouter "Je vois, c'est intéressant. Merci du conseil". Une fois de plus, c'est une phrase complète, et s'ils continuent à vous narguer, alors c'est eux qui rendent la situation etrange, pas vous !
Choisissez la stratégie qui convient le mieux à la situation dans laquelle vous vous trouvez. Si c'est toujours aussi difficile, vous pourriez essayer d'en parler à qqn à qui vous faites confiance (un membre de la famille, un ami...) ou vous arranger à l'avance pour prévoir d'appeler un ami après diner.
- SI VOTRE FAMILLE OU VOS AMIS PENSENT QUE VOS METHODES DE GUERISON NE SONT PAS BONNES POUR VOUS, vous aurez surement la réction suivante: Vous voudrez leur expliquer tout ce que vous savez, toutes les explications scientifiques que vous avez lues, et comment vos méthodes marchent exactement. Prouver que vos méthodes de guérison fonctionnent peut s'avérer très tentant. Pourtant, ça peut être une TRES MAUVAISE idée.
Votre famille et vos amis peuvent être (psychologiquement) incapables d'admettre de nouvelles informations contredisant leur perception d'une réalité qu'ils ont connue toute leur vie.Si quelqu'un parvint à briser vos arguments scientifiques en citant des "faits" (càd des erreurs...), et/ou remettre en question des problèmes auxquels vous n'êtes pas prêts à vous confronter, vous pourriez vous retrouver à douoter de vous-même et vos (excellentes) méthodes de guérison. 
Une bien meilleure approche serait de souligner l'inefficacité de vos précédentes méthodes. Est-ce-que s'affamer, ou même s'alimenter "normalement" vous a guéri de la bouimie ? NON. Servez vous de cet argument. Vous pouvez également utiliser des sources (fiables !) qui expliquent l'hyperphagie pour leur expliquer que votre cas ne correspond pas à cette description.
Vous pouvez également fonder votre discours sur le fait que restreindre votre alimentation a ruiné votre vie. Dites leur ce que ça fait d'être obsédé par la bouffe 24h/24, 7j/7, de ne pas pouvoir se concentrer sur une conversation, et bien sûr de subir tous les symptômes et dommages physiques. Toutes ces choses feront partie de votre vie tant que vous vous restreignez. Et, enfin, vous pouvez mentionner qu'être cliniquement en sous-poids est 3 fois plus mortel qu'être cliniquement en surpoids (IMC>30 !!!). (Faits ICI)
- RAPPELEZ-VOUS, LA TAILLE QUE FONT LES AUTRES VOUS DONNE 2 INFORMATIONS :
1) leur taille.
2) ce que sont vos déductions préjugées à ce propos.
Si quiconque regarde votre corps et suppose qu'ils connaissent quoi que ce soit de vous, excepté l'apparence que vous avez, alors cette personne est TRES étroite d'esprit. Ceci est encore pire si ladite personne est un médecin, un spécialiste des TCA ou n'importe quelle personne qui est censée mieux vous connaître).

Ceci dit, rappelez vous que les commentaires négatif réveillent en vous l'envie de vous cacher derrière la maladie. Ne lui laissez pas cette chance !! Vous avez le contrôle de votre corps, vous avez le contrôle de votre vie, et vous avez la force de repousser cette maladie qui vous pourrit la vie :) 

mardi 3 février 2015

Le monde de la Mode et la Maigreur

Etant étudiante dans le domaine du textile, j'ai un rapport particulier à la mode. Pour moi la mode, ce n'est pas juste acheter de beaux vêtements pour mettre en valeur mes atouts et me sentir bien dans mon corps. Pour moi, la mode sera mon métier. Je serai tous les jours confrontée à de nouveaux produits, de nouveaux vêtements avec de nouvelles coupes, de nouvelles textures et de nouvelles couleurs. Et je serai tous les jours confrontée aux images des mannequins squelettiques qui arpentent les podiums des défilés. 

"Les mannequins ne sont là que pour exhiber le vêtement de la façon la plus neutre possible, sans y mettre la moindre subjectivité. Elles ne doivent pas faire d'ombre à la tenue. Elles doivent être transparentes."


Certes, une fille sans chair et sans forme n'attirera pas l'oeil et laissera la tenue taper l'oeil du client, mais est-ce bien nécessaire de mettre en péril la santé et la vie de centaines de jeunes filles pour réussir un défilé ? Je ne pense pas. D'autant plus que les images de ces mannequins sont diffusées aux quatre coins du monde et déforment la notion de "normalité" en termes de santé concernant le physique féminin.




Aujourd'hui, pendant le cours magistral sur les tendances auquel j'ai assisté, il nous a été demandé des discuter en groupe de trois autour des deux images ci-dessus. La seule chose que j'aie été capable de remarquer était la différence de corpulence des mannequins. En me confrontant à de telles publicités, je m'attarderais volontiers sur l'image de droite, dont le style est décontracté et pur, mais surtout dont la jeune fille me ressemble ; ressemble à quelqu'un de vivant. Sur l'image de gauche en revanche, je ne vois qu'un pantin. Une femme qui, malgré son sourire et son mouvement apparent, est bien trop fine pour me transmettre la chaleur et l'envie d'acheter les produits. Elle ne me ressemble pas, ou du moins, elle me ressemblait quand j'étais au plus profond de ma maladie, et cette image me donne envie de détourner le regard plutôt que de m'intéresser aux vêtements exposés. En réalité, la professeur attendait qu'on remarque la différence d'interprétation de la tendance jean denim+haut blanc... Raté pour moi !




La campagne "you are not a sketch" parue il y a quelques années illustre haut et fort ma pensée. Ce n'est pas parce que l'industrie de la Mode met en avant des corps amaigris et maladifs qu'il faut cherhcer à y ressembler. La plupart des mannequins sont très malheureuses, se privent de manger ou se font réprimander si elles prennent 4 mm de tour de taille, sont dépendantes de multiples drogues et certaines meurent même prématurément. Bien entendu ces destins tragiques ne concernent pas la totalité des jeunes filles travaillant dans ce milieu, mais il faut garder à l'esprit que ce genre de physique n'est pas naturel, pas sain, et définitivement pas idéal. 

Comme je disais à une amie qui cherche à tout pris à perdre du poids en ce moment, je préfère avoir un peu de graisse et pouvoir vivre ma vie en partageant une pizza de temps en temps avec mon petit ami ou une verre ou deux (ou trois, ou cinq ^^) avec mes amis, plutôt que d'avoir une masse graisseuse extrêmement faible et vivre recluse dans la restriction et l'angoisse de déroger aux règles que je m'impose. Je suis bien heureuse que l'anorexie ne fasse plus partie de ma vie ; ça fait tellement de bien de pouvoir respirer et répondre aux désirs de notre corps et de notre coeur ! 



Si seulement toutes les pubs pouvaient ressembler à celle là...